La Draft

14 octobre 2017 18:16

Le parcours du joueur NBA moyen est en général le suivant :

  1. Papa et Maman se rencontrent.
  2. Papa et Maman font des trucs un peu salaces.
  3. “Prototype de joueur NBA” vient au monde.
  4. “Prototype de joueur NBA” mesure déjà 1m90 à 10 ans et se met au basket.
  5. “Prototype de joueur NBA” continue le basket au lycée et intègre une université.
  6. “Prototype de joueur NBA” s’inscrit à la Draft.
  7. “Prototype de joueur NBA” se fait drafter.
  8. “Prototype de joueur NBA” peut vivre une carrière de joueur NBA plus ou moins respectable et amasser du biff en quantité astronomique.

À noter que ce schéma est plutôt flatteur car il fait croire à n’importe quelle personne qu’elle possède 3 éléments de parcours commun avec un joueur NBA.

Bon, au delà de ces pitreries sans intérêt, concentrons nous sur le sujet du jour. La Draft. Le rite de passage à l’âge adulte pour les jeunes basketteurs, l’entrée par la grande porte dans la NBA.

La NCAA (National Collegiate Athletic Association), c’est un peu comme l’UNSS finalement

Vous le savez peut-être, les américains sont complètement fous de sport universitaire. Il n’y a qu’à regarder ici ou  pour se rendre compte de l’ampleur de la chose. On va être honnête, résumer ça en 10 vieilles lignes comme on s’apprête à le faire est assez scandaleux mais l’article ne s’appelle pas “De l’histoire de la NCAA à travers les âges et les peuples” donc vous n’allez pas non plus abuser.

De par leur popularité exceptionnelle, les équipes de basket universitaires regorgent de joueurs au talent monstrueux, dont le but ultime est bien sûr d’intégrer la grande ligue (nom souvent donné à la NBA). Les universités s’arrachent ces joueurs et ne reculent devant rien pour les convaincre d’intégrer leurs rangs à la sortie du lycée. Un joueur peut rester un (freshman), deux (sophomore), trois (junior) ou quatre ans (senior) à la fac. Durant ces années, il peaufine son jeu et tente d’attirer l’attention des équipes NBA qui scrutent bien sûr tout ce qui se passe en NCAA. Lorsque le joueur se sent prêt, ou lorsque les sangsues qui l’entourent décident qu’il est temps de profiter de son pognon, il s’inscrit à la Draft, et devient sélectionnable par les équipes NBA.

La fac, un passage obligatoire ?

C’est la voie la plus “classique”, mais il n’est absolument pas obligatoire de passer par une fac US pour se présenter à la draft. Heureusement, sinon beaucoup moins de joueurs européens seraient en NBA. Les règles d’éligibilité sont, comme bien souvent, assez touffues et il y a bien mieux à faire que de se pencher dessus lorsque l’on découvre la NBA.

Enfin, sachez qu’il était possible jusqu’à 2005 de se présenter à la draft dès la sortie du lycée, et que des joueurs célèbres comme Kobe Bryant ou LeBron James ont choisi cette voie. C’est à dire que les mecs étaient déjà tellement dominateurs qu’ils n’ont même pas eu besoin d’aller faire leurs preuves à l’université. Ce n’est pas pour autant un gage de réussite (voir Brown, Kwame).

Les choix des franchises

Le postulat de base est assez simple. La draft se passe en deux tours, durant lequel chacune des 30 franchises choisit un joueur. Parmi les joueurs qui se présentent, seuls 60 sont donc sélectionnés pour intégrer la ligue.

L’ordre dans lequel les équipes font leur choix n’est pas le fruit du hasard. Les 14 équipes qui ne font pas les playoffs sont assurées d’avoir les 14 premiers choix. Ensuite, pour départager ces équipes entre elles, un système de loterie est mis en place. Mais cette loterie est pondérée ! En gros, plus une équipe est mauvaise, plus elle a de chances d’obtenir le premier choix. L’intérêt de choisir en premier étant, bien sûr, de sélectionner n’importe quel joueur disponible, et donc le meilleur… en théorie.

Le système “plus tu es mauvais, plus tu draftes haut” donne lieu à l’une des pratiques les plus décriées : le tanking. Certaines équipes, constatant qu’elles n’ont aucune chance de faire les playoffs, choisissent de se saborder afin de perdre le plus de matchs possible et ainsi augmenter leurs chances d’obtenir le premier choix de la Draft. Cela nuit au spectacle, et donc au business, ce qui pousse les instances dirigeantes de la ligue à réfléchir à des moyens d’endiguer le phénomène (réduction de la pondération, égalité des chances entre les 3 pires bilans…).

Une fois que les 3 premiers choix ont été attribués, le reste des choix est attribué selon le pourcentage de victoires, du plus mauvais au meilleur (les cas d’égalité ayant été réglés auparavant).

Les Celtics ont fait les playoffs en 2017, pourtant ils ont drafté en 3e position…

Et bien leur en a pris, car ils vont nous permettre de parler d’un concept très important : l’échange de tours de draft. Comme les joueurs, les tours de draft peuvent servir de monnaie d’échange dans le cadre d’un transfert.

Regardons un peu le transfert réalisé entre les Boston Celtics et les Brooklyn Nets en 2013 :

Boston => Brooklyn : Kevin Garnett, Paul Pierce, Jason Terry, DJ White, choix de premier tour 2017.

Brooklyn => Boston :  Gerald Wallace, Kris Humphries, MarShon Brooks, Kris Joseph, Keith Bogans et choix de premier tour 2014, 2016, 2017 et 2018.

Ce qui signifie que les Celtics avaient le choix 2017 des Nets dans leur petite sacoche et ont donc récupéré le joueur qui aurait normalement dû atterrir chez les Nets. Ces derniers ont été très mauvais en 2017, tellement mauvais qu’ils ont obtenu le premier choix de Draft. Et c’est ainsi que Boston s’est retrouvé avec le premier choix de Draft en 2017.

Les Celtics ont ensuite échangé leur choix avec celui des Sixers (et d’autres broutilles qu’on ne détaillera pas maintenant car c’est déjà assez compliqué), qui avaient le 3e choix. Les Celtics ont donc fini avec le 3e choix, et les Sixers le 1er.

Quant aux équipes qui disputent les playoffs, elles se partagent les 16 choix restants, toujours dans l’ordre des bilans.

La cérémonie

La draft est un événement très important du paysage NBA. Elle a lieu depuis maintenant 5 ans au Barclays Center à Brooklyn, sous la forme d’une cérémonie prestigieuse style Oscars.

Chaque équipe dispose de 5 minutes (2 minutes au deuxième tour) pour annoncer sa sélection ou mettre en place un transfert de dernière minute. C’est par exemple ce qui s’est passé cette année entre les Timberwolves et les Bulls.

Lorsque le choix est arrêté, le commissioner annonce au micro le nom du joueur sélectionné. Celui-ci, transi d’émotion, monte les marches pour serrer la main d’Adam Silver et récupère une belle casquette aux couleurs de sa nouvelle équipe. Il obtient le statut de rookie, c’est à dire un joueur qui est dans sa première année en NBA.

 

Pour les joueurs qui ne sont pas sélectionnés, on est sur un changement d’ambiance radical. Ça ressemble quand même pas mal à une fin de rêve. Certains intègrent la ligue de développement de la NBA, d’autres vont jouer à l’étranger, notamment en Chine (beaucoup de thunes à se faire là bas) ou en Europe. Y’en a même qui arrêtent le basket, les pauvres chous. Mais il y a quand même une bonne liste de joueurs non draftés qui ont eu des carrières plus qu’honorables : Ben Wallace, Raja Bell, John Starks, Bruce Bowen...